Destin #26 – Marius Benech

Marius Benech

« Le tunnel de Tavannes ou les écuries d’Augias ? »
Marius Benech

Plutôt retourner sous les obus que de croupir dans ce trou infernal. C’est bien ce que pense le lieutenant Benech, du 321e RI, en pénétrant dans le tunnel de Tavannes. Si ce lieu fournit une bonne protection contre les bombardements, l’univers sombre et malsain qui y règne mène plus d’un homme à la folie.

Marius Benech vient de s’y engouffrer avec ses hommes, en ce 6 juin 1916, entre les salves d’obus qui battent continuellement ses entrées. Il y découvre 1 kilomètre 500 de voûtes sombres éclairées par quelques lampes dispensant une lumière blafarde. Le mal-être est partout palpable. L’humidité écœure les hommes. La sueur ne cesse de couler sur les visages. L’air est lourd et putride où se mêlent les odeurs de salpêtre, d’éther, de soufre, de chlore et de déjections. Les hommes sont couverts de crasse, couchés à même le sol ou sur les rails. Certains dorment d’un œil. D’autres, écrasés de fatigue malgré l’odeur méphitique, ne se réveillent même pas lorsque d’autres les piétinent. Les mouches remplissent le lieu, attirées par l’odeur infecte, les détritus et les soldats qui jonchent le sol.

Benech ne se voit pas rester plus longtemps dans ce véritable purgatoire. Tant de scènes dégoûtantes l’entourent. Un ruissellement se fait percevoir dans les ténèbres : est-ce de l’eau ? Un homme qui urine ? Assoiffé, Benech rêve d’une eau saine. La faim le tiraille également mais aucun aliment ne peut être ingurgité tant le lieu pourrit tout ce qui s’y trouve. Toute cette ambiance ne fait qu’empirer la fièvre qui anime les hommes…

Telles sont les conditions de vie dans le tunnel de Tavannes, comparable aux écuries d’Augias. Quelques semaines plus tard, dans la soirée du 4 septembre 1916, un terrible incendie se déclenche dans le tunnel faisant plus de 500 morts. La plus grande catastrophe connue par l’armée française sur le champ de bataille de Verdun…

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