V. Dans le sillon de Maurice Genevoix, mémoire(s) de la guerre aux Éparges

Vue aérienne de la crête des Éparges, entonnoirs de mine autour du Point C. © Jean-Luc Kaluzko Vue aérienne de la crête des Éparges, entonnoirs de mine autour du Point C. © Jean-Luc Kaluzko

Le secteur du front des Éparges conserve encore aujourd’hui de nombreuses traces des combats menés de 1914 à 1918.

En premier lieu, aux environs immédiats du site, les nécropoles nationales du Trottoir, au pied de la crête, de Trésauvaux, de Saint-Remy-la-Calonne, de Mont-Villers rappellent, du côté français, le coût humain des quatre années de lutte. Tout comme à Verdun, les cimetières allemands ont été mis à l’écart du champ de bataille. Ainsi les soldats du Kaiser tombés sur ce front reposent-ils essentiellement à Troyon, à Saint-Maurice-sous-les-Côtes, Viéville-sous-les-Côtes ou encore à Maizeray.

Les monuments les plus illustres des Éparges demeurent, sur la crête même, le monument des Revenants, voulu par Maurice Genevoix, le monument du Coq sur le point culminant ainsi que le monument du point X dédié à « ceux qui n’ont pas de tombe ». D’autres monuments issus d’amicales régimentaires plus modestes mais non moins forts, bornent les lieux de souffrance : celui du 302e RI sur la crête, du 54e RI à un carrefour de la Calonne…

Quelques monolithes privés rappelant le souvenir d’un fils, d’un frère ou d’un mari subsistent encore le long de la Tranchée de Calonne. Les vestiges les plus spectaculaires de la lutte sur la crête demeurent les très nombreux entonnoirs de mine, témoins de l’obstination et de l’acharnement de la lutte, qui marquent à tout jamais le site. Des boyaux et des tronçons de tranchées sont mis en valeur et peuvent être « remontés ». De part et d’autre de la Tranchée de Calonne, des réseaux de tranchées sillonnent encore le plateau ainsi que les ravins.

Les premiers acteurs de la mémoire ont été les anciens combattants eux-mêmes dont le plus illustre fut Maurice Genevoix. Les témoins disparaissant, ce sont des associations et des collectivités territoriales qui ont pris le relais. Ainsi, depuis 1936, le « Souvenir Français » organise-t-il une cérémonie chaque lundi de Pâques pour se remémorer l’avril sanglant de 1915. En 2001, le Service éducatif du Mémorial de Verdun met en place les « Classes Genevoix » afin de faire connaître le site et l’œuvre de l’écrivain aux collégiens et aux lycéens. En 2008, l’association L’Esparge a été créée pour mettre en valeur l’histoire de la commune des Éparges ainsi que son patrimoine. En partenariat avec l’ONF, la Communauté de Communes du Territoire de Fresnes-en-Woëvre, et particulièrement les communes de Saint-Remy-la-Calonne et de Vaux-lès-Palameix, appuyées par des bénévoles, demeurent également très actives pour mettre en valeur le patrimoine lié à ce conflit.