Conférence

Félix Vallotton, l’Art et la Guerre

  • Date
  • Lieu
    Mémorial de Verdun
  • Durée
    1h30
Le célèbre tableau Verdun de Félix Vallotton est exposé pour la première fois sur le Champ de bataille de Verdun. À l’occasion de son arrivée dans l’exposition temporaire « ART/ENFER – Créer à Verdun 1914-1918* », le Mémorial de Verdun propose une conférence spéciale autour de l'artiste.

Avec Sylvie Le Ray-Burimi, conservatrice en chef du Patrimoine et Cheffe du département des Beaux-Arts et du Patrimoine du musée de l'Armée, et Annabelle Mathias, responsable de la Médiathèque d'étude et de recherche du musée de l'Armée - Invalides

Trop âgé pour être mobilisé en 1914, Félix Vallotton, se porte volontaire pour les missions d’artistes organisées par le secrétariat aux Beaux-Arts et le ministère des Armées. Il participe en juin 1917 à une mission de quelques jours à l’Est du front français, sans passer à Verdun. Depuis des mois, il suit attentivement les nouvelles du front et de la bataille de Verdun : il pressent, comme il le note dans son Journal, le 9 mai 1917 que « l’idée de la guerre est une idée intérieure ». Pour lui, peindre la guerre contemporaine ne peut plus être « peindre des tableaux de bataille ».
Sa représentation de « Verdun », achevée en décembre 1917, est toute paradoxale : il écarte toute référence visuelle au lieu, bannit toute figuration d’hommes engagés dans l’enfer, pour composer une véritable allégorie de la guerre moderne. Aucune indication ne permet de saisir l’échelle que l’artiste emploie : la scène est littéralement démesurée. Un jeu de faisceaux de couleurs balaye la toile et l’envahit : le regard les suit sans identifier de perspective. Dans ce paysage qui frise l’abstraction, les forces et les masses dominent. Vide d’hommes, sans nature ni vivant, écrasée par des forces titanesques, l’œuvre de Félix Vallotton est comprise très tôt comme l’une des représentations les plus fortes de la bataille.

Cette conférence explorera les réflexions artistiques de Félix Vallotton autour de l’Art et la Guerre avec la mise en regard de l’esquisse de Verdun, 1917 et de l’œuvre finale, réunies de manière inédite sur le Champ de bataille de Verdun.

Informations

Conservatrice en chef du patrimoine, Sylvie Le Ray-Burimi est responsable du département Beaux-Arts et Patrimoine du musée de l’Armée au sein de l’Hôtel national des Invalides, à Paris.
Commissaire des expositions Napoléon III et l’Italie. Naissance d’une Nation (2011), Vu du front. Représenter la Grande Guerre (2014) et France-Allemagne(s). 1870-1871 : la guerre, la Commune, les mémoires (2017) ainsi que de l’exposition Photographies en guerre (2022), ses recherches portent sur les représentations de la guerre, le patrimoine et les sociabilités artistiques en temps de guerre. Pilote du projet Histoire du site, elle prépare l’ouverture de nouveaux espaces dédiés à l’histoire de l’Hôtel des Invalides et du musée de l’Armée (2024).
Sylvie Le Ray-Burimi a codirigé un ouvrage consacré à l’église Saint-Louis des Invalides. La cathédrale des armées Françaises (Paris et Strasbourg, La Nuée Bleue, 2018) ainsi que le catalogue de l’exposition France-Allemagne(s). 1870-1871 : la guerre, la Commune, les mémoires (Paris, Gallimard, 2019).

Annabelle Mathias est responsable de la Médiathèque d'étude et de recherche du musée de l'Armée depuis 2016. Diplômée en histoire de l’art et histoire du patrimoine, elle a étudié notamment la question de la réconciliation franco-allemande à travers des lieux de mémoire tels que Verdun. Après avoir mené pendant 4 ans des recherches sur l’histoire des collections et le récolement des oeuvres antiques déposées par le musée du Louvre en région, elle a été nommée documentaliste en charge des peintures au musée d’Orsay en 2009. Elle y a assisté plusieurs commissariats d’exposition (Degas et le nu, Impressionnisme et la mode, Une passion française, la collection Marlene et Spencer Hays, Vallotton, Allegro Barbaro, Sade « attaquer le soleil », Dolce Vita, Douanier Rousseau…). Depuis 2004, elle a enseigné en histoire de l’art du XIXe siècle, méthodologie de la recherche et histoire du patrimoine à l’Ecole du Louvre et l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.