Cent ans plus tard, comment puis-je me réapproprier ces voix du monde entier ? Je pars à la recherche de l’écho que produit ces archives phonographiques réinjectées sur des disques gravés pour l’occasion, cherchant une forme de décantation du support. J’imagine les trajectoires de ces prisonniers qui quittent la chambre d’échos mondialisée que furent les camps pour rentrer chez eux à la fin de la guerre. Quelles frontières ont-ils franchies à leur retour – la ritournelle de leur pays en tête, rythmant leur pas. Je cherche à reproduire ces «migra-sons », les échos de leur exil, de leur migration. Je les fais résonner jusqu’à ce qu’ils deviennent contemporains. (Marie Guérin)
Évènement proposé dans le cadre de la journée d'étude Les soldats prisonniers dans la Grande Guerre
Création sonore : Marie Guérin
Création lumière et dispositif scénique : Maël Teillant
Regard extérieur : Anne Kropotkine
Interprétation : Jana Klein
Production : Micro-sillons
Commande de l’Ambassade de France en Allemagne avec le soutien de l’Institut français d’Allemagne et de la Mission du Centenaire
Née en 1980, Marie Guérin, artiste sonore française (Prix Banc d'essai INA-GRM 2013 ; Prix Sacem Musique Concrète en 2015, Brouillon d’un rêve et bourse Gulliver 2018, Prix Phonurgia Nova - Archives de la Parole 2018), manipule, en live et en studio, pour la scène et pour la radio (France Inter, France Culture, Nova, Deutschlandradio Kultur, France Musique, Radio Campus, Kontakte 2017 - Biennale de musique électroacoustique et d’art sonore, Radiophonic spaces, etc.) des prises de sons et des archives radiophoniques, ces traces laissées sur les ondes par des « fantômes hertziens ». Mélange de voix, de textures, de grains, de sons anecdotiques, son travail questionne le patrimoine sonore, ses supports et les traces laissées sur ces supports; sa musique transite de la grammaire radiophonique à la musique concrète, de la poésie documentaire à l'électroacoustique. http://lachansonperdue.fr/
Fortement inspiré par l'histoire, le patrimoine et la Russie, le parcours d’Anne Kropotkine se construit avec le son : créations sonores dans l'association Micro-sillons, documentaires à France Culture (La Fabrique de l'Histoire, L'Atelier de la création), webradio à l'Université Bretagne Loire, /France Culture conférences, installation sonore Les Passagers du son 1 et 2 (Un été au Havre 2017 et Un été au Havre 2018) et parcours sonore (Détours aux tours, Vallée de la Vilaine), collaborations avec des chercheurs (ANR : Les crimes de guerre nazis dans le prétoire en Europe centrale et orientale 1943- 1991), conférences et ateliers de création sonore et radiophonique au collège, à l’Université ou lors de formations diverses. Elle a co-créé en 2012 à Rennes le collectif artistique de création sonore Micro-sillons dont elle assure la coordination. Au sein de cette association, elle a notamment participé à la création sur la Première Guerre mondiale Les sons de l’arrière (Archives départementales d’Ille-et-Vilaine). Elle accompagne également la création Recorded songs don’t ever die de l'artiste sonore Marie Guérin et poursuit avec elle, en tant qu’auteur, le projet franco-allemand-tunisien Sur la piste de Sadok B. qui prendra la forme d'une pièce radiophonique et d'un concert documentaire autour des voix enregistrées de prisonniers de guerre en Allemagne pendant la Première Guerre mondiale (Lautarchiv). Ce projet soutenu par l'Institut français, la RTBF et la résidence tunisienne Dar Eyquem, a reçu la bourse Gulliver (2018).
Autour de l'exposition