Depuis les années 1850, des hommes et des femmes partent au cœur des guerres et en rapportent des clichés. Une volonté de documenter la guerre naît, en concurrence avec les représentations graphiques et picturales traditionnelles. Ces photographes donnent à voir des images jusque-là inconnues du conflit, fragments d’une réalité invisible. Avec cette exposition, le Mémorial souhaite mettre l’accent sur le parcours singulier de ceux qui photographient la guerre, à travers une diversité de profils de photoreporters depuis les origines de la photographie de guerre jusqu’aux conflits contemporains.
Dans un parcours chronologique, seize figures de photographes s’insèrent dans une histoire des conflits couverts par leur travail depuis la guerre de Crimée (1855) jusqu’à nos jours. Tout en dépassant le critère de la renommée et du succès médiatique, c’est la tension entre leur identité d’artiste, de témoin missionné ou encore d’acteur engagé qui est soulignée. Chaque photoreporter de guerre nourrit des relations particulières avec ses commanditaires, les sujets qu’il photographie et ceux qui regardent ses clichés. Aujourd'hui encore, ces environnements influent largement sur le sens de leurs missions et le résultat de leurs travaux. De même, l’évolution des techniques photographiques et des appareils constitue une contrainte pour le photographe tout en lui ouvrant un champ de nouvelles possibilités. La profession de photographe de guerre évolue au gré des conflits.
L’exposition présente à la fois des œuvres photographiques (épreuves originales et reproductions), des supports de presse et place le matériel photographique utilisé par les générations successives de photographes, au cœur du parcours pour montrer l’évolution des pratiques. Objets et documents personnels, portraits des photographes, incarnent les figures choisies : Roger Fenton, Mathew Brady, Felice Beato, Jimmy Hare, Gérald Michel, Jean-Baptiste Tournassoud, Édouard Brissy, Charles Grauss, Robert Capa, Germaine Kanova, Raoul Coutard, Gilles Caron, Patrick Baz, Véronique de Viguerie, Édouard Elias, le soldat de l’image représenté par trois photographes de l’ECPAD, François-Xavier Roch, Janick Marcès et Sébastien Lafargue.
Une installation de 24 portraits de photographes de guerre contemporains, réalisés par la cinéaste et photographe Alizé Le Maoult en hommage à ces hommes et ces femmes qui témoignent, vient conclure ce parcours. Dans ces portraits frontaux, photographiés au Leica dos au mur, les regards des photographes se confrontent à ceux des visiteurs.
L’ECPAD