I. Maurice Genevoix, président-fondateur du Mémorial de Verdun

Inauguration du Mémorial de Verdun, le 17 septembre 1967. De gauche à droite, André Beauguitte, député-maire de Verdun, Maurice Genevoix et Henri Duvillard, ministre des Anciens combattants. © Mémorial de Verdun

Inauguration du Mémorial de Verdun, le 17 septembre 1967. De gauche à droite, André Beauguitte, député-maire de Verdun, Maurice Genevoix et Henri Duvillard, ministre des Anciens combattants. © Mémorial de Verdun

Avec d’autres compagnons anciens combattants, Maurice Genevoix (1890-1980) fut à l’initiative de l’édification du Mémorial de Verdun afin que « personne n’oublie » et que le sens de leur sacrifice soit transmis et expliqué aux générations futures. En 1959, Maurice Genevoix, président du Comité National du Souvenir de Verdun (CNSV), rassemblant alors de nombreuses associations d’anciens combattants, accepte de patronner la réalisation d’un Mémorial de la bataille de Verdun.

D’abord envisagé à l’emplacement de la Chapelle Sainte-Fine, à l’intersection des routes conduisant au fort de Vaux d’un côté et à l’Ossuaire de Douaumont de l’autre, c’est finalement le site de Fleury-devant-Douaumont qui est choisi par trois anciens combattants de Verdun, en 1961 pour la construction du monument. Parmi les neuf villages rayés de la carte, âprement disputé durant l’été 1916, Fleury fut le témoin de violents combats et revêt un caractère symbolique. Point extrême de l’avancée allemande, près du fort de Souville, ce village marque la fin des assauts ennemis et le départ d’une victoire pour les Français avec le lancement des vagues d’assaut pour la reconquête de Douaumont perdu le 25 février. Dans Fleury, c’est l’emplacement de la gare qui fut retenu pour la construction, symbole de la vie qui régnait dans ce village en temps de paix mais aussi du chaos lors des multiples assauts entre le 23 juin et le 18 août 1916.

Une fois l’édification du Mémorial approuvée par décret, une souscription nationale est lancée en 1962 pour financer la construction du bâtiment. Charles Legrand, ancien combattant, adhérent de la Fédération de « Ceux de Verdun » et architecte, conçoit le bâtiment et en dresse les plans tandis que l’aménagement intérieur est confié à l’architecte-décorateur Jacques Barré, assisté par Marcel Santi, peintre aux Armées, et Madame Burgard, documentaliste. La première pierre est posée le 23 juin 1963 par Jean Sainteny, ministre des Anciens Combattants, en présence de 2000 anciens combattants.

Voulu par les acteurs mêmes de cette bataille, le Mémorial de Verdun est conçu comme un « Temple du souvenir » pour rendre hommage à leurs compagnons d’armes morts au front. Mûri dans un contexte de rapprochement franco-allemand, les fondateurs souhaitent y rendre compte aussi bien de l’engagement des soldats français que des soldats allemands. Tel un lieu de pèlerinage aux sources de la bataille, sur les lieux encore marqués par l’âpreté des combats et rappelant le sacrifice personnel de centaines de milliers d’entre eux, le Mémorial de Verdun est pensé comme un lieu de témoignages à travers l’exposition de photographies, documents, plans, textes et souvenirs. Un vaste diorama reconstituant le champ de bataille est prévu dans l’antre central du bâtiment et de grandes fresques réalisées par Marcel Santi d’après des croquis pris sur le vif, ornent la galerie inférieure du Mémorial. Sa vocation pédagogique doit expliquer et transmettre la « leçon de Verdun », au service du rassemblement, de la réconciliation et de la paix.

Le Mémorial est inauguré le 17 septembre 1967 par André Duvillard, ministre des Anciens Combattants, en présence de 3000 personnes dont 2000 anciens combattants. Maurice Genevoix prononce à cette occasion un discours resté célèbre.

« Jeunes et vieux, amis, ennemis réconciliés, puissent-ils emporter de ces lieux, au fond d’eux-mêmes, une notion de l’homme qui les soutienne et les assiste !… Puisse la lumière qui va veiller ici les guider enfin vers la Paix ! »

Maurice Genevoix, discours inaugural, 17 septembre 1967.