Les soldats inconnus de la Grande Guerre

Facteur d’unité nationale & enjeux mémoriels (1920-2021)

Entrée de la Citadelle souterraine de Verdun par l'Écoute n°1. Collection Mémorial de Verdun

Entrée de la Citadelle souterraine de Verdun par l’Écoute n°1. Collection Mémorial de Verdun


Conférence avec Jean-Yves Le Naour et Franck Meyer, historiens
6 novembre 2021 – 11h
GRATUIT, également disponible à distance (réservations obligatoires via le formulaire pour recevoir le lien d’accès)


Le Soldat inconnu, un symbole national mondialisé

Avec Jean-Yves Le Naour
Au lendemain de la Grande Guerre, les pays belligérants sont confrontés à la mort et au deuil de masse. Dans de nombreux pays, est alors mis à l’honneur un Soldat inconnu, initiative marquée par la volonté d’incarner en une seule entité le sort partagé par des centaines de milliers d’hommes, à jamais disparus, sur les champs de bataille. Il s’agit de renforcer la cohésion sociale mise à mal par le conflit, autour de ses disparus, et le Soldat inconnu devient un lieu de mémoire national que souligne le choix des lieux d’inhumation : un cimetière militaire national pour les États-Unis, le lieu des sépultures royales de l’Église anglicane pour la Grande Bretagne, ou encore l’Arc de Triomphe, héritage de la Révolution française pour la France. Néanmoins, le temps des commémorations s’échelonne différemment selon les pays. Les choix de ce symbole national ont fait l’objet d’importants débats politiques et rivalités mémorielles dans chacun des États.


Le Soldat inconnu français, des déchirements politiques à l’icône nationale

Avec Franck Meyer
En 1918, la France compte 1,4 million de morts, environ 350 000 sont des disparus, et environ 300 000 n’ont pu être identifiés. Le deuil est partout, mais pour les familles qui n’ont pas de tombe devant laquelle se recueillir, ce deuil est impossible. Même si l’idée d’inhumer un soldat anonyme, offert à la reconnaissance nationale, apparaît en France dès 1916, quand arrive la fin de la guerre rien n’est décidé et de profonds désaccords surgissent. Faut-il inhumer ce Soldat inconnu au Panthéon ou à l’Arc de Triomphe ? Faut-il combiner cette cérémonie avec le dépôt du cœur de Léon Gambetta au Panthéon pour les cinquante ans de la IIIRépublique ? Opinion publique sous influence de la presse et hommes politiques de droite et de gauche se déchirent. Ces questions méritent aujourd’hui d’être remises au jour, en suivant la dépouille sacrée, venue d’un cimetière anonyme jusqu’aux voûtes sombres de la citadelle de Verdun, puis à la lumière de l’Arc de Triomphe.



Jean-Yves Le NaourJean-Yves Le Naour, né en 1972 à Meaux (Seine et Marne), est historien, docteur en histoire, spécialiste de la Première Guerre mondiale et de l’histoire du XXe siècle. Il est l’auteur de plusieurs films documentaires portant sur la Grande Guerre ainsi que sur le XXe siècle. Deux de ses essais ont reçu un prix : L’affaire Malvy a remporté le prix Henri Hertz 2008, Les soldats de la honte, le Grand-Prix du livre d’histoire Ouest-France-Société Générale 2011 ainsi qu’une seconde distinction : le prix de l’Académie de Médecine Jean-Charles Sournia qui récompense « un travail original récent consacré à l’histoire de la Médecine ». La bande dessinée La faute au Midi a quant à elle reçu le prix Jean Tourette de l’Académie de Marseille en 2014. Les prix du public ont été décernés aux films : Le procès du viol et Corée, nos soldats oubliés, au festival international de Pessac (2013)et au Fipa (2016). Il est le scénariste de la bande dessinée Verdun, parue en 2016 aux éditions Bamboo – Grand Angle.


Franck Meyer portraitFranck Meyer est professeur d’histoire-géographie au Lycée Margueritte à Verdun et membre du Conseil d’orientation scientifique de l’EPCC Mémorial de Verdun-Champ de bataille. Il a participé à la réalisation des MOOCs 1, 2 et 3, créés par le Mémorial de Verdun dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale, en partenariat avec l’université de Lorraine. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages autour de la bataille de Verdun : Verdun, des ravages à la Renaissance, volume 1 : Le temps des ruines (1915-1919), volume 2 : Le Verdun nouveau (1919-1919) (Éditions Connaissance de la Meuse) ; Vadelaincourt (1914-1918), un village hôpital de l’arrière-front de Verdun (Éditions Association 14-18 Meuse), Les terres mortes, la mission photographique de l’Armée en Meuse en 1919 (Éditions Association 14-18 Meuse), Le fort de Douaumont (Ysec éditions), Le fort de Vaux (Ysec éditions), La Voie sacrée (Ysec éditions) et La Place de Verdun (Ysec éditions).


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