Puissantes, impénétrables, construites avec les technologies les plus modernes de leur époque, les fortifications nous évoquent le Moyen Âge. Dans les années 1930 pourtant, toute l’Europe décide de se barricader derrière des forts et des lignes de défense. Tchécoslovaquie, Pologne, Belgique, Suisse, en tout plus de 10000 km de lignes fortifiées sont construites à travers le Vieux Continent. La référence de toutes les fortifications de cette époque est française: c’est la ligne Maginot. Ouvrage modèle et précurseur pour bon nombre de pays, c’est une superstructure de son temps. La puissance et la technologie de la ligne Maginot impressionnent même son pire ennemi: l’Allemagne nazie. C’est pour lui tenir tête qu’en 1938, le Führer lance la construction de sa propre muraille, le mur de l’Ouest, surnommé par les Alliés la ligne Siegfried. Plus de 700 km de l’Atlantique aux Alpes pour la ligne Maginot contre 630 km des Pays Bas à la frontière suisse pour la ligne Siegfried… À partir de 1940, le monde entier retiendra son souffle pour assister à la mise à l’épreuve de ces deux forteresses. Comment l’idée des fortifications s’impose-t-elle en France et dans l’Allemagne nazie à l’époque des avions de combat et des chars d’assaut? Ligne Maginot et ligne Siegfried, en quoi se distinguent-elles? Et finalement, comment ces lignes ont-elles résisté à l’épreuve des combats? Voici une histoire oubliée de la Seconde Guerre mondiale, la dernière guerre des fortifications. La projection du documentaire sera suivie d’un échange avec Barbara Necek, la réalisatrice, et Michaël Séramour, docteur en histoire, spécialisé dans l’étude des systèmes fortifiés contemporains.
D’origine polonaise, née en Autriche, Barbara Necek vit et travaille en France depuis plus de vingt ans. Après une carrière dans l’enseignement, elle s’est tournée vers le journalisme et la réalisation de reportages et documentaires. Elle a réalisé de nombreux documentaires pour les chaînes de France Télévision, Arte et RMC Découverte sur des sujets d’histoire et de politique. Parmi ses films les plus récents se trouvent Les Femmes du Troisième Reich, A la recherche du Schindler polonais ou encore Le Procès d’Auschwitz, la fin du silence, lauréat du prix terre(s) d’histoire au Figra 2019.
Natif de Metz, Michaël Séramour est docteur en histoire et écrivain, spécialisé dans l’étude des systèmes fortifiés contemporains. Sa passion pour l’histoire et son amour de la Lorraine l’ont amené à visiter ses premiers blockhaus de la ligne Maginot dès l’enfance. En 1997, il commence le recensement et l’étude approfondie des peintures murales et graffiti laissés par les belligérants des deux conflits mondiaux sur les parois des fortifications lorraines et alsaciennes, recherches qu’il parvient à intégrer à son cursus universitaire avec la soutenance d’une thèse d’histoire de 3e cycle sur cette thématique en 2010. Il est notamment l’auteur, aux éditions des Paraiges, du livre Des arcs-en-ciel sous l’uniforme : sur la trace des soldats créatifs des forts de la Grande Guerre et de la ligne Maginot, proposant une analyse détaillée des fresques des ouvrages fortifiés du Nord, de Lorraine, d’Alsace et des Alpes à paraître cette année. Il est membre du Conseil scientifique élargi de l’exposition « On ne passe pas ! » Les fortifications, du système Séré de Rivières à la ligne Maginot (3 juin - 17 décembre 2021).