Avec Victor Claass, docteur en histoire de l’art de Sorbonne université et coordinateur scientifique à l’Institut national d’histoire de l’art
Franz Moritz Wilhelm Marc naît à Munich en 1880. Son père est peintre paysagiste et professeur de peinture à l’Académie des Arts de Munich. Il reçoit une éducation protestante stricte. Il s’oriente dans un premier temps vers la théologie, la philologie, puis la philosophie et choisit, à la suite de son année de service militaire, de devenir artiste-peintre. Homme mystique, pétri de théologie, il est profondément marqué par les fauvistes, par Van Gogh, Paul Cézanne et Paul Gauguin, et se fascine pour les cubistes et les futuristes. En quête du « spirituel dans l’art », son travail, onirique et expressionniste, se développe autour de la symbolique des couleurs, et la nature et les animaux y occupent une place centrale dans cette recherche. Il est l’un des principaux représentants de l’expressionnisme allemand et fonde en 1911 Der Blaue Reiter, rassemblement de peintres d’avant-garde, avec d’autres artistes comme Alexi von Jawlensky, Gabriele Münter et Wassily Kandinsky.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il s’enrôle volontairement dans l’armée et écrira de très nombreuses lettres à sa femme pendant la guerre. Il reçoit la Croix de fer et est promu lieutenant en 1915. En février 1916, le ministère allemand des Affaires intellectuelles et de l’Éducation décide de protéger les artistes émérites servant dans les forces armées en les retirant du front. Avant que les ordres de réaffectation ne lui parviennent, et le matin même de l’ordre d’évacuation, Franz Marc est frappé à mort à la tête par un éclat d’obus alors qu’il fait une reconnaissance à cheval. Il meurt le 4 mars 1916 à Braquis, près de Verdun, à l’âge de 36 ans. Trois ans avant sa mort, il peint Le destin de l’animal, toile représentant des biches écartelées dans des éclairs rouges, au dos de laquelle il écrit : « Et tout être est sa propre douleur enflammée ». Sur le font, il écrira à sa femme que cette peinture « est comme une prémonition de cette guerre – horrible et bouleversante. Je peux difficilement concevoir que je l’ai peinte. » Il laisse de son expérience du front une série de dessins abstraits.
« La guerre est l’une des choses les plus diaboliques pour laquelle nous avons sacrifié nous-mêmes ». (Franz Marc, 1915)
Victor Claass est docteur en histoire de l'art de Sorbonne Université. Sa thèse sur le critique d'art Julius Meier-Graefe, lauréate du prix du musée d'Orsay en 2018, sera prochainement publiée. Il a été chercheur au Centre allemand d'histoire de l'art de Paris, au Centre Dominique-Vivant Denon du musée du Louvre, et a rejoint l'Institut national d'histoire de l'art en 2019 comme coordinateur scientifique. Il enseigne l'histoire de l'art contemporain et des musées, et a récemment publié Jeux de positions. Sur quelques billards peints (Paris, INHA, 2021).