III. Maurice Genevoix, combattant des Éparges

Maurice Genevoix, cinq jours avant le début de la bataille des Éparges, 12 février 1915 © Famille Genevoix Maurice Genevoix, cinq jours avant le début de la bataille des Éparges, 12 février 1915 © Famille Genevoix

La lutte menée entre les troupes françaises et allemandes sur la crête des Éparges, commence fin septembre 1914, au moment où l’armée allemande investit la Woëvre afin de tenter d’encercler la place fortifiée de Verdun. Entre le 21 et le 24 septembre 1914, les Allemands s’assurent le contrôle de la crête.

Avec la fixation du front, conduisant à la formation du saillant de Saint-Mihiel entre Meuse et Moselle, la hauteur, située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Verdun, devient une position stratégique. Les Français souhaitent la reconquérir afin de disposer de bons points de vue, notamment sur le pied des Côtes de Meuse où les Allemands ont établi leurs infrastructures logistiques qui alimentent le front des Hauts de Meuse. À la mi-octobre 1914, la 12e Division d’Infanterie prend en charge le secteur des Éparges. En face, c’est la 33e Division de Réserve allemande, formée à Metz, qui défend ce verrou du saillant de Saint-Mihiel. Durant l’hiver 1914-1915, les 106e, 132e et 302e RI accompagnés d’unités du Génie, se rapprochent de la partie haute de la crête en creusant des sapes et en menant des attaques locales. Quatre galeries de mine sont poussées dans les entrailles de la crête pour pulvériser une partie de la première ligne allemande. Plus en arrière, de Fresnes-en-Woëvre à la Tranchée de Calonne, les Français rassemblent une centaine de pièces d’artillerie. Pendant la même période, les Allemands s’activent à rendre inexpugnable l’éperon meusien.

Le 17 février 1915, l’assaut français précédé par les quatre explosions de mine et une préparation d’artillerie d’une heure, se déclenche. Il est mené par le 106e RI. Parmi les assaillants se trouve le sous-lieutenant Maurice Genevoix. Après cinq jours de combats, les Français n’arrivent à conquérir que la partie ouest de la crête. En mars et en avril, les attaques sont relancées par les hommes de la 12e DI. Les combats sont furieux dans le froid et la boue. Les pertes de part et d’autre sont épouvantables, avec les « orages d’acier » de l’artillerie qui s’abattent sur la crête. La 33e Division de Réserve allemande finit par être relevée par la 10e DI allemande à la fin du mois de mars. À la mi-avril, les Français cessent leurs attaques. Ils ont conquis 90 % de la crête mais le point X, extrémité orientale de la hauteur qui donne les meilleures vues sur le pied des Côtes de Meuse, reste aux mains des Allemands. 20 000 hommes, Français comme Allemands, ont été tués, blessés ou faits prisonniers pour la possession de la hauteur qui mesure 1 800 mètres de large sur 800 de profondeur !

Le 24 avril 1915, les Allemands engagent une attaque de part et d’autre de la Tranchée de Calonne afin de soulager la pression exercée par les Français sur l’éperon. C’est dans ces circonstances que sont blessés le lendemain, Maurice Genevoix et Ernst Jünger, le futur auteur d’Orages d’acier.

La guerre se poursuit sur la crête jusqu’au 13 septembre 1918. La lutte y est marquée par l’explosion de mines de plus en plus puissantes, les bombardements rageurs, les attaques locales et les coups de main…