Des Éparges au Mémorial de Verdun, hommage à Maurice Genevoix

Visuel expo doc

À la suite de l’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix et « Ceux de 14 » le 11 novembre 2020, le Mémorial de Verdun propose de revenir sur les pas de son président-fondateur à travers une exposition documentaire en ligne, réalisée à partir des travaux réalisés pour l’exposition « Des Éparges au Mémorial de Verdun. Hommage à Maurice Genevoix. Photographies de Fabrice Dekoninck et Sylvain Demange. »  (21 octobre – 22 décembre 2017) à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’inauguration du Mémorial de Verdun en 2017.

Avant-Propos

Par Michel Bernard, écrivain

La catastrophe de la Première Guerre mondiale, entre autres conséquences, a fait surgir du paysage littéraire un massif impressionnant. Il reste en expansion dans le domaine français : depuis Les Champs d’honneur de Jean Rouaud, prix Goncourt 1990, romans et récits liés à l’expérience humaine de la Grande Guerre continuent de paraître en nombre et de trouver un large public. Dès l’immédiat après-guerre, dominant cet ensemble, quelques sommets se détachaient. Jean Norton Cru dans Témoins, maître ouvrage paru en 1929, après avoir lu, analysé, vérifié les écrits de plus de 250 auteurs combattants, avait donné, fort d’une compétence chèrement acquise sur le front, la prééminence à ceux de Maurice Genevoix.

« (Il) a le génie du récit de guerre et son œuvre est incomparable. » Le temps n’a pas démenti le jugement de l’universitaire franco-américain et le Centenaire a été l’occasion d’un retour à Genevoix. Historiens, élus, militaires le citent, les écrivains s’y réfèrent et la réédition de Ceux de 14 en 2013 est un succès persistant. Gens de théâtre et de cinéma, étudiants et enseignants, sur les tréteaux et dans les salles de classe ont redécouvert la vigueur d’une œuvre étonnante, où la langue française atteint ses plus hautes capacités dans l’évocation des gens et des choses, la suggestion des sentiments, joie, angoisse, dégoût, horreur, et la restitution de la parole humaine, fraternelle et souffrante. Rien n’a vieilli dans ces pages. Le lecteur y suit le petit lieutenant, son guide sur les routes de Meuse, dans les rues de Verdun, sur la Tranchée de Calonne et dans les boyaux des Éparges, et il lui semble sentir sur sa peau le froid, la pluie et la boue, et entendre dans ses oreilles, sous le fracas des obus et de la mitraille, la chaleur d’une voix.

C’est la voix d’un grand écrivain français. Son œuvre de guerre n’en est que le porche, porche monumental et terrible ouvert sur la nature, le ciel et la terre, l’eau des fleuves et des ruisseaux, les bêtes et les arbres, tout ce qui, infiniment plus puissant que la guerre, vit, meurt et renaît. Rémi des Rauches, Raboliot, La Boîte à pêche, La Dernière harde, Un jour, quelques livres, merveilleux reflets de l’amour de Maurice Genevoix pour la nature et les hommes, en témoignent magnifiquement.

Textes

  • Michel Bernard, écrivain
  • Nicolas Czubak, historien et responsable du Service éducatif du Mémorial de Verdun
  • Clotilde Bizot-Espiard, responsable développement culturel et communication du Mémorial de Verdun.