Destin #27 – Jean Navarre

Jean Navarre

« La sentinelle de Verdun »
Jean Navarre

Un avion Nieuport peint en rouge s’en retourne en direction des lignes françaises au-dessus de Sainte-Menehould. L’allure de son vol suscite d’abord de la curiosité de la part des soldats qui, du sol, voient évoluer le frêle biplan. La curiosité laisse place à l’inquiétude lorsque celui-ci se pose brutalement sur le plancher des vaches. A son bord, le sous-lieutenant Jean Navarre, grièvement blessé par deux balles reçues lors d’un duel aérien mené loin derrière les lignes françaises, a réussi à ramener son appareil. En ce samedi 17 juin 1916, celui que l’on a surnommé la « sentinelle de Verdun » vient de mener son dernier combat…

Un crack ce Navarre ! A peine arrivé sur le front de Verdun, quelques mois plus tôt, il abat deux avions le 26 février 1916 : le premier doublé de la guerre. Le 2 mars, il force un biplace ennemi à atterrir aux environs de Fleury-devant-Douaumont. Et les victoires se sont enchaînées dans les mois qui suivent. Le 4 avril, quatre avions sont descendus dans la journée mais un seul lui est homologué.

Un personnage aussi ! Engoncé dans son uniforme recouvert d’une peau d’ours, coiffé parfois d’un bas de soie, Navarre tient à voler tout le temps pour défendre Verdun, quelles que soient les conditions météorologiques. Il lui arrive même de décoller sans l’accord de son chef d’escadrille ce qui lui vaut des remontrances.

Cependant, auréolé par ses exploits, on l’autorise à installer son Nieuport 16 sur un terrain au plus près de la ville pour survoler plus rapidement le champ de bataille. Chaque jour, il décolle le matin, se pose pour refaire le plein et repart dans les airs l’après-midi. Des heures et des heures à patrouiller dans les cieux, à guetter les avions à croix noires pour fondre sur eux quel que soit leur nombre. Lorsqu’il rentre de mission, ses mécanos comprennent par ses cris, ses longs hululements qu’il vient de réaliser un nouvel exploit. A la fin mai, « la sentinelle de Verdun » comme on l’appelle désormais, a abattu officiellement 11 appareils. Bien plus dans les faits mais non reconnus faute de témoins.

Quelques heures avant sa blessure, le 17 juin, l’ « as » remporte sa douzième et dernière victoire au-dessus de Samogneux.

Évacué, il ne pourra plus, à son grand regret, retourner au front, victime d’un mal non identifié à l’époque qui l’a réduit nerveusement : le trouble de stress post-traumatique. Mal-être renforcé par la mort de son frère jumeau, lui-même aviateur, tombé accidentellement en novembre 1916.

« La sentinelle » avait tout donné pour la défense de Verdun.
Il survivra à la guerre mais se tuera accidentellement, lui-aussi, le 10 juillet 1919 lors d’une démonstration aérienne à Villacoublay.

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